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22/07/2022

Derrière la brume


La brume partout
Ici, dedans : le vide
Étrange vide
Il ne manque rien
Tout est toujours à sa place
Mais... absent
La brume
Le vide

La fenêtre
Cœur béant
S'ouvre sur un ciel
Gris sale
Tout est si lourd
L’humidité est étouffante

Quelque part dans Paris
Dans le froid d'un bloc opératoire
À l'instant où j'écris
Une poitrine s'offre au scalpel
Des doigts experts reprisent un cœur-
Ton cœur-
Comme le mien est lourd !

Qu’y a-t-il derrière la brume ?
Des chairs à vif
Un sang détourné
Un sommeil sans rêve
Battu d'anesthésiant
Une absence programmée
Et un si long temps d’attente

Traverseras-tu la brume
Pour me revenir ?

« Tout est à sa juste place »
M’a confié le sage de ma vision
Mais où donc est-elle
La juste place ?

Je n’en sais rien
Je ne sais rien
Sauf que
Je t'attends

Derrière la brume
Je t'attends.


Adamante Donsimoni©sacem
22 juillet 2022



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09/10/2018

Le silence de la forêt primaire


Retrouver le silence de la forêt primaire, le lourd parfum d’humus sous les pas enfouis.
Quitter les turbulences et les idées râpeuses pour que le cœur enfin s’abandonne au rythme initial de la palpitation du vide où tout est en suspens.
Trouver dans la fournaise le courant de fraîcheur et dans le froid le feu.
Glisser jusqu’au-dedans où l’indéfini commence.
Pénétrer les ténèbres concevant la lumière.
Mourir à tout vouloir pour le rien essentiel et se retrouver nu dans la plus infime des dimensions, reliée à l’immensité.
Oui, vivre la puissance de l’osmose annihilant mots et pensées dans le silence de la forêt primaire.


Adamante Donsimoni(sacem)
23 juillet 2018 après une matinée criblée de verbiages stupides

05/07/2014

La danse de la pluie

Le ciel soudain se relâche, les nuages expirent le trop plein d’un long voyage. Crépitation des larmes venues d’un ailleurs lointain raconter la tristesse aux carreaux de mon bureau.

Quelque part dans le monde des gens meurent, de faim, de froid, d’abandon ; au fond d’un lit d’hôpital, sous les balles d’un assassin, les bombes d’une guerre ; dans un accident, un séisme, une tempête, un naufrage… Il est tant de façons de mourir,  tant de façons de léguer la souffrance à ceux qui survivent.

La honte, l’impuissance, le désarroi accompagnent le regard que nous portons sur la mort, car la mort de l’autre est toujours douloureuse.
Un homme, un animal, un arbre, une terre, la destruction d’un être est comme un rêve exhalant son dernier souffle, il s’effondre avec en son dernier regard la lueur de l’incompréhension.
C’est ce regard que m’apporte la pluie ce soir et le carreau me raconte celui de l’éléphant empoisonné pour ses défenses, celui du rhinocéros mourrant de septicémie sa corne tronçonnée, celui du clandestin qui se noie, celui du dealer victime d’un règlement de compte, celui du cancéreux victime de la folie industrielle et des économies de marché, celui de l’enfant soldat privé de rêve, celui du vieillard dont la main orpheline se crispe sur l’absence…

Le vent gémit son impuissance.

Je me sens vide, comme éloignée de moi, égarée ? pas vraiment, lasse ? certainement.
Et pourtant, au travers de ce vide incertain, je perçois comme une sorte de bien-être, une sorte de réalisation nourrie d’abandon. Je sais qu’au fond, sans en comprendre les pas, cette danse absurde est normale. J’expérimente l’usure des galets, l’hypnose. Et tandis que la pluie redouble d’intensité, je perçois, inscrites dans mes chairs, des impressions de pluie qui m’apaisent.
Il n’est plus ni gaieté ni tristesse, je vis un entre deux d’émotion libéré de la pensée et de l’agitation.
Observatrice retirée, la vie, ma vie, toutes ces vies rythmées de morts, sont comme un film qui s’accélère et que j’observe en silence tandis que la pluie s’intensifie et bousculée de vent s’écrase sur les carreaux.

©Adamante (sacem)