Translate - traduire

Affichage des articles dont le libellé est temps. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est temps. Afficher tous les articles

18/02/2024

Virgule du temps

Photo F.X.C

 


La pluie n’avait pas cessé de tomber, et le sol rendait son eau jusqu’à inonder les abords de la rivière. Quelques arbres s’étaient couchés. Sécheresses puis pluies avaient eu raison de leur résistance. Leurs racines offraient à présent le spectacle de leurs arabesques dansant au-dessus des eaux où elles se reflétaient. 

Les végétaux transcendent le visage de la mort par la beauté. Un petit passereau était venu inscrire un instant son image dans cet entremêlement de racines échevelées. C’était la vie qui s’inscrivait là, offrant à mon regard le tableau dépouillé de l’acceptation, une œuvre d’art dramatiquement belle 


instant de repos

avant le prochain envol -

virgule du temps




Adamante Donsimoni ©musicstart-sacem

12 février 2024



L'HERBIER DE POÉSIES PAGE 229



 

24/10/2021

Voyage en morse des routes


C’était la nuit, le moteur ronronnait au fur et à mesure que la route défilait. Dans l’habitacle le silence me berçait. À demi éveillée, à demi endormie, à demi n’importe quoi dans le noir de la nuit, je flottais, regardant mes idées cavaler librement au gré de leur fantaisie. Attention aux virages !


le ciel étoilé

les bas-côtés ombrageux

hypnose, ô hypnose


Les étoiles jouaient à saute-mouton dans les frondaisons des géants que nous croisions. Y-aurait-il des routes à la cime des arbres ? En bas, des phares aveuglants trouaient la nuit : « haut les mains, voyageurs, minuit passé gare aux rôdeurs ! » Un cavalier qui surgit de la nuit court vers l’aventure au galop, son nom… Mon héros ! Court Tornado, envole toi par-dessus les nids de poule !


le morse des routes

pour établir quelque lien

l’espace d’un souffle


Le temps qui s’éternise s’efface de lui-même dans la torpeur d’un corps privé du mouvement. J’étais dans la dauphine de mon père, pas avec ce conducteur fantôme qui disparaissait dans la nuit. J’avais cinq ans, adieu tout ! Je pouvais dormir tranquille.


le temps est abscons

notion d’une situation

tout aussi abstraite


la tête et les mots se vident

dans l’espace indéfini.



Adamante Donsimoni ©sacem

 


le héros qui surgit toujours hors de la nuit !




L'herbier de poésie que je pilote

21/04/2017

La paille du destin



Quand l’image enfante les mots, quand les mots enfantent à leur tour l’image,
on peut se dire que le cycle des transformations est un cercle parfait, une roue qui brasse les atomes de vie comme une tricoteuse assemble ses mailles, avec patience, l’une après l’autre, pour créer son ouvrage. Que de temps passé à tisser l’éphémère ! Que d’heures offertes à la poussière du temps. Que de vanité dans ce parcours de vie que l’on voudrait éternel.

Ici, l’histoire semble vouloir se transformer. Cléopâtre unie à Antoine chante sous le casque d’or des vainqueurs sur fond de drapeaux, arabesques et traits aquilins. Aucun Octave dans ce chant, à peine un bémol, un rien pour contrarier l’impossible.
À leurs pieds, quelques profils se cherchent, le désir s’exprime par la quête d’un baiser. Mais derrière eux, ceux du destin, une paille dans leur bouche obverse, insufflent en silence le souffle de la tragédie. Est-il possible d’échapper à son destin ? Peut-il être des amours heureux qui ne soient pas sans attache ? L’histoire nous dira que non, à condition de connaître l’histoire et je me demande d’où vient cette faculté d’oubli qui pousse l’humanité à reproduire sans cesse les mêmes erreurs au travers de ce chapelet génétique qui forme les vagues générationnelles de l’incarnation.

Un mouflon à visage humain exprimerait-il ici le regard du sphinx ?
©Adamante Donsimoni(sacem)


 
 
 
 
















07/05/2013

L'oiseleur du temps - Jacques Lacarrière



Spectacle basé sur les textes de Jacques Lacarrière
 rythmé par la rencontre d'instruments de musiques de deux mondes


La vie et l'écriture. L'amour et l'écriture. L'ailleurs et l'écriture.
Pas d'ambition. Pas de concessions. Peu d'argent. Beaucoup d'amour. Beaucoup d'amis. Pas de calculs.
Refus des gloires enviées. Des itinéraires préparés. Des chemins publics. Des compromissions. Des institutions.
Écrire seulement pour être. Pour s'engager. Vers les autres. Avec les autres. Écrire pour dériver de l'homme ancien. Écrire pour dériver vers l'homme à naître. Rien d'autre.
Sourates, Ed. Fayard


31/03/2013

Quand se lève la tempête


La fenêtre entrouverte, 
je regarde la mer. 
Je voyage
ma main 
sur le bois 
rugueux 
de la vitre
dont la peinture écaillée
ne compte plus son âge.
Au loin 
un phare 
lance ses éclairs 
comme un appel
un cri
dans la nuit.
Une solive craque
le passé se réveille. 
Je « m’ensonge » 
comme le disait Jacques Lacarrière, 
je passe les portes du temps, 
je pénètre un secret de murs, 
de vieilles pierres
dedans
des soupirs s’exhalent du parquet
tout un peuple prend vie
venu de l’ombre
dehors le vent le lève
de puissants nuages noirs menacent 
la mer se gonfle
prête au combat
et je me demande
je me demande
depuis qu’est née cette maison
qui domine la mer
combien
comme moi
un soir 
dans la solitude
le cœur pesant
concassé de chagrin
ont regardé l’horizon
et senti soudain
une présence
la présence
de tous ces absents
qui regardèrent
un soir
se lever la tempête
ainsi que je le fais
la main posée 
sur le bois de la fenêtre…
Absents
dont un jour
je le sais
je serai.