Translate - traduire

Affichage des articles dont le libellé est gris. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est gris. Afficher tous les articles

30/01/2022

 

Photo ABC

 

 

L’attente de la forêt


Ils se sont pris les branches dans l’automne les feuillus de la forêt. Plus une feuille pour échanger avec le vent

un secret de sève
une nouvelle du lointain-
reste le silence


Les feuilles désormais tapissent le sol et marquent chacun de mes pas de leur haleine froissée d’humidité

un parfum d’humus
s’élève du tapis sombre-
tout est nostalgie


Le vent se faufile entre les bras dénudés qui semblent implorer le ciel, et sa voix déchire la canopée de ses gémissements sifflants. Le costumier de l’hiver n’aime pas la couleur, il habille les sous-bois de gris et de marrons.

l’heure n’est plus aux chants
et l’espace rétrécit
invite au sommeil


Il se pourrait que demain, le blanc recouvre tout. Il me semble qu’ici tout aspire à cet intermède lumineux pour masquer un temps la tristesse, et accrocher du rêve des pieds à la cime des arbres, où une arche se dessine pour accueillir la magie. Je le pressens, le vent aussi espère la neige, il aime la faire danser

son souffle amoureux
sur la Belle immaculée
et tout s’illumine.

 

Adamante Donsimoni - 28 janvier 2022 - ©sacem
 
 

                            Arthur Rubinstein - Chopin Ballade No. 1 in G minor, Op. 23


 
Nemanja Radulovic & Double Sens - Les Quatre Saisons - Hiver - A.Vivaldi

 
 
 
 

08/12/2014

L'horizon

L’horizon ? une vague de croupes et de phallus d’immeubles dressés sur l’infini. Ce mur interdit, verrouille les nuages et toute idée de fuite. C’est lourd, poisseux comme un poulet en cocotte cuit au beurre sur la gazinière graisseuse d’une cuisine jaunâtre au fond d’un logement miteux d’un immeuble délabré.
Quelque part, aux pieds de cet entremêlement de gris, teint béton, et d’arbustes souffreteux, des voies rampent sur le sol où des cafards pressés, tout de tôles et de roues, crachent leurs particules fines dans le brouillard. Et ce n’est pas quelques lumières anémiques plantées là par Noël dans cette banlieue ignorée des fêtes qui vont enchanter la nuit.

À l’encoignure d’une porte, multipliés par la voracité insatiable du système, des hommes et des femmes murés de dénuement tendent sans conviction leur main blasée à des passants aveugles. Le monde marchand les a vomis un jour, sur le bord d’un trottoir, fatalité.
Le sol est froid aux membres engourdis, le sang pâlit dans les veines corrompues. Demain n’a aucun sens, pas même l’instant futur qui vient s’additionner sans surprise à celui d’avant, aussi froid, aussi éteint.

Et pourtant, au travers de ce gris, au travers de la brume, par le rythme régulier encore d’un organe qui pulse son sang dans cet édifice de chairs lasses, bien caché, quasi invisible, se terre l’espoir. Sentiment insensé, racine de vie indurée qui, jusqu’à l’instant ultime de l’épuisement fatal où elle rompt, puise la moindre force dans ce désert pour maintenir l’édifice humain tendu vers ce rêve confisqué de soleil et de rires. Rêve qui tout au fond de lui, étonnamment, comme un arbre torturé de tempête, se refuse obstinément à mourir.

©Adamante Sacem