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26/05/2017

Un conte de perles d’eau


Apparitions aquatiques sur le bord de l’évier. Un conte de perles d’eau.
Une femme élancée, sorte de rémanence d’une cité interdite, glisse doucement vers l’oubli ; tant oubliée déjà et pourtant si présente. Seule avec les fantômes à peine esquissés de sa solitude, un doigt sur le menton, elle semble méditer. Elle passe. Elle ne fait que passer, elle ne sait que passer.
Dans les plis de sa robe, quelques ébauches de silhouettes hésitent à se montrer, la crainte les contraint bien plus que la lumière, mais elles l’ignorent.
- « Tu ne seras point.»
Il en faut du courage pour bousculer un tel précepte ! C’est écrit si profondément en soi. Comment s’en départir sans perdre ses repères et risquer de se dissoudre dans un néant supposé pire que la prison dont on connaît chaque mur ?
Le profil d’un Moaï, dans la certitude de sa solidité, domine ces chimères. Le poids est sa puissance. Il méprise la force de l’eau, cette patience qui un jour le couchera irrémédiablement.
Ici, tout n’est que silence. Rien pour troubler la paix d’ombre de l’horizon incertain vers lequel les herbes, bercées par le courant, s’inclinent.
Tout se dessine dans l’instant, l’instant qui n’en finit pas d’être et de se transformer.
 
 
 
 
 
Image ©Adamante
 
 

05/02/2016

Les roseaux près du ponton


L’armée des roseaux monte la garde près du ponton. Qui s’en vient ou s’en va par la porte du ciel ? Que cache cette lumière aveuglante entourée de ténèbres ? Aspire-t-elle la vie sidérée et muette, le flot interrompu des eaux de la rivière ? Crache-t-elle des révélations à ce peuple subjugué dressé vers le passage ? Rite ou curiosité de l’ailleurs ? À moins que ce ne soit la même chose, le désir de savoir.
Un grand prêtre officie, consumé d’absolu. On croirait une icône récipiendaire d’un secret inscrit sur les pierres d’un édifice en ruine marquant la limite entre deux Univers.
Le bois des planches humides a la couleur des nuages, un gris de cendres refroidies rompant avec l’or des roseaux. Décor griffé de joncs et de branches dénudées. Il se joue là une scène à la fois grandiose et banale. Captivante perception du monde des métamorphoses. Un visage apparaît au travers de la fumée céleste, il chapeaute les ruines, observe la troupe des fidèles avec ce manque d’aménité  propre aux dieux de l’Olympe. Derrière ce masque, l’imaginaire déchaîne sa crainte, son effroi. Cette vérité inscrite au plus profond de tout ce qui est animé du souffle ne trouve aucun mot pour s’exprimer. Un frisson l’accompagne, le froid, la mort.
Il n’est pas une herbe, pas une goutte qui ne s’incline devant cette magie ruisselant de l’œil du ciel.

©Adamante (sacem)